19 février 2020
Réflexion
Présentée à la consultation sur
le programme d'études Éthique et culture réligieuse
Thème 4: Éducation à la sexualité
En cette heure où le ministère de l’Éducation nous consulte sur le programme Éthique et culture religieuse, dont le 4e thème est Éducation à la sexualité, notre Centre international de recherche et d’éducation familiale juge nécessaire, dans un premier temps, de rappeler ceci :
Depuis plus de deux décennies, notre CIREF promeut la pédagogie d’un processus d’intégration de l’amour et de la sexualité, de la naissance à la maturité, transmise aux enfants et aux adolescents par leurs parents et soutenus par l’ensemble des éducateurs — que devraient tous être adéquatement formés — tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.
D’où notre engagement, depuis fin 2019, à proposer à l’humanité entière, grâce à notre site Web www.ciref.ca une nouvelle culture : la culture de l’amour et de la sexualité intégrés.
Cela nous a amené à offrir à tous, mais avant tout aux parents, à leurs fidèles collaborateurs et à de futurs formateurs des parents, un enseignement à distance offrant l’essentiel fondement de la démarche d’intégration de l’amour et de la sexualité, ayant pour thème : L’intégration de l’amour et de la sexualité chez l’enfant de 0 à 12 ans. Cette première formation est requise avant de suivre les trois autres :
- L’intégration de l’amour et de la sexualité chez l’adolescent(e)
- L’intégration de l’amour et de la sexualité chez les jeunes adultes
- Les blessés de l’amour : nouveaux défis
Aujourd’hui, notre CIREF, convaincu de l’importante œuvre d’éducation qui est sienne, reconnaît opportun d’expliciter pourquoi il se dit : Entièrement en désaccord avec chacune des quatre questions suivantes du questionnement du gouvernement du Québec sur le thème Éducation à la sexualité :
- Je considère ce thème comme étant important.
- Je considère que ce thème pourrait occuper une plus grande place dans le parcours de formation des élèves.
- Je considère que ce thème est approprié pour les élèves du primaire.
- Je considère que ce thème est approprié pour les élèves du secondaire.
Ce désaccord, nous l’exprimons après avoir pris suffisamment le temps de creuser la définition suivante qui précède les quatre questions ci-haut :
« L’éducation à la sexualité, en plus de permettre de mieux comprendre la sexualité, permet à l’individu de développer des attitudes et des comportements respectueux égalitaires. Elle s’appuie sur des valeurs telles que l’égalité des femmes et des hommes, le respect de la diversité et le sens des responsabilités dans ses relations avec l’autre. »
Le pourquoi de notre désaccord
Est-ce parce que les enfants et les adolescents n’ont pas besoin de recevoir une éducation sexuelle que notre CIREF se dit entièrement en désaccord avec la nature de l’éducation à la sexualité proposée par notre ministère de l’Éducation, en milieu scolaire ? Certainement pas !
Notre CIREF sait trop bien que tout être humain, de sa naissance à la maturité, a non seulement le besoin, mais aussi le droit de recevoir une solide éducation à l’intégration de l’amour et de la sexualité personnalisée (et au moment opportun) qui lui permettra — dans une démarche continue — d’apprendre à devenir un être équilibré, harmonieux et aimant.
De plus, notre CIREF reconnaît l’importance de rappeler aux parents que la tâche de la transmission des éléments essentiels d’humanité à leurs enfants leur revient en tout premier lieu, et non aux voisins.
Que cherche à favoriser l’éducation à la sexualité en milieu scolaire ?
Est-ce d’aider nos enfants et nos adolescents à s’éduquer à l’amour et à la sexualité par un processus continu d’intégration qui les acheminera, pas à pas, vers une véritable humanisation et un meilleur ordre du monde ? Pas du tout !
Nous constatons que sous l’influence d’individus voulant changer le monde, les promoteurs de l’éducation sexuelle cherchent à amener les éducateurs de cette matière à faire pénétrer dans la conscience de nos enfants et de nos adolescents l’actuelle vision sexuelle contemporaine athée libertine en la présentant comme normale, voire progressiste.
Cette éducation à la sexualité promue par le Ministère de l’Éducation qu’exige-t-elle de nos enfants ? Elle exige qu’ils apprennent à taire leur résistance naturelle et celle reçue de leurs parents face à une pseudo-culture de la vie qui veut les amener à s’adapter à un nouveau monde sans foi ni loi.
Nous pouvons comprendre que non seulement des parents, mais aussi des éducateurs conscients de ce dérapage éducatif pernicieux, résistent avec force à cette pseudo-éducation sexuelle déshumanisante. Ils ont raison de considérer comme criminel cet enseignement à la sexualité qui viole l’esprit, le cœur et l’âme de nos enfants et de nos adolescents, pourtant appelés à découvrir le mystère de leur personne sexuée et à en être reconnaissants.
Une sexualité en déséquilibre
En 2008, lors de ma conférence Le grand défi de l’éducation : intégrer amour et sexualité, présentée à l’Organisme catholique pour la vie et la famille dans le cadre du VIIIe Séminaire en bioéthique, j’exprimais ceci :
- Nous le savons trop bien : l’éducation à la sexualité qui a été imposée dans toutes les écoles du Québec, le 1er juillet 1988, en guise de formation et d’information pour les jeunes québécois, s’est soldée par un échec cuisant. Elle ne les a pas aidés à comprendre leur personne sexuée et sa finalité, afin de la bien vivre. Elle a plutôt contribué au développement d’une sexualité en déséquilibre chez bon nombre de nos jeunes, et, par ricochet, chez plusieurs adultes devenus parents.
- Pour qu’il y ait eu développement d’une sexualité en équilibre chez nos enfants et adolescents au cours des deux dernières décennies, qu’a-t-il manqué en milieu scolaire ? Est-ce l’absence dans les classes de discussions libres avec un(e) adulte sur la masturbation, les stéréotypes à déconstruire, les rôles sexuels, l’hétérosexualité, l’homosexualité, la bisexualité, le condom, la contraception, l’avortement, les ITS et encore, la réussite de sa première relation sexuelle, etc. ? Non ! Bien au contraire ! Ils en ont été saturés… Combien de mes élèves de milieu collégial me l’ont exprimé pendant dix ans !
- En milieu scolaire, on a voulu imprégner profondément les esprits de l’ensemble des éducateurs de ces paroles de madame Jocelyne Robert, sexologue : « Le condom est le plus grand ami des jeunes ! » C’est un message de respect que d’insister auprès des jeunes pour qu’ils utilisent la contraception. » Et la perle : « L’avortement peut être un geste sacré » !
- Ces paroles insensées non respectueuses ont été largement diffusées à la télé. Avec le résultat qu’au Québec il y a 36,9 avortements pour 100 naissances vivantes. On le voit : la contraception et l’avortement relèvent de la même logique d’une liberté erronée.
Un meilleur héritage à offrir à nos enfants
Voulons-nous que nos enfants, nos adolescents et nos jeunes adultes deviennent sexuellement équilibrés, respectueux et aimants ? Cela saurait les prémunir de toute mutilation, dénaturation, exploitation, grossesse adolescente, ITS, cancers sexuels, ainsi que toute violence, etc.
Voulons-nous vraiment favoriser le respect et de la femme et de l’homme, afin de redonner sens à la famille et à l’école ?
Voulons-nous cesser de dépenser l’argent des contribuables pour des problèmes de santé ayant pour cause foncière la non-intégration affective et sexuelle lors des étapes de la croissance de nos enfants ?
Si oui, nous devons d’urgence, comme société, accepter de les instruire et de les aider à s’éduquer, de la naissance à la maturité. Bref, nous avons à leur offrir un meilleur héritage que celui de l’éducation à la sexualité offerte en milieu scolaire. Il faut les aider à s’auto-construire avec sagesse plutôt que les dé-construire par un enseignement faussé.
Concrètement, que faire ?
Pour y parvenir, nous, les adultes, ne devons jamais dissocier l’amour de la sexualité, deux réalités humaines qui doivent se développer conjointement chez tout individu.
Nous avons à favoriser chez nos enfants le développement lent, progressif et continu d’un processus intérieur d’intégration de l’amour et de la sexualité qui les acheminera, pas à pas, vers la maturité de leur personne.
Apprendre à bien se connaître comme homme ou femme, à s’accepter et à s’aimer, puis à s’ouvrir à l’autre (semblable, différent et complémentaire) est, ne l’oublions pas, un besoin réel et le droit de tout être humain. Pour ne pas l’avoir appris et ne pas avoir été soutenues dans cet apprentissage, que de personnes en subissent de graves conséquences, à un coût ahurissant pour notre société.
Conclusion
Viendra-t-il bientôt ce jour, où le ministère de l’Éducation acceptera de reconnaître que seul l’apprentissage à une démarche d’intégration de l’amour et de la sexualité permet à tout être humain de développer une mûre connaissance de son être sexué appelé à respecter sa nature et sa vocation spécifique d’homme ou de femme ?
Solange Lefebvre-Pageau