Montréal, 14 février 2020
Madame la ministre Karina Gould
Ministre du Développement international
Ottawa
Bonjour Madame Gould,
En la Semaine du développement international (du 2 au 8 février 2020), la lecture de l’article : Pour une coopération internationale féministe/Le Canada fera des efforts pour atteindre les objectifs de 2030, affirme la ministre Karina Gould, (Lisa-Marie Gervais, Pour une coopération internationale féministe/Le Canada fera des efforts pour atteindre les objectifs de 2030, affirme la ministre Karina Gould, Montréal, Le Devoir, 1er et 2 février 2020) m’a permis de reconnaître que si vous, madame Gould, ministre du Développement international et notre Centre international de recherche de recherche et d’éducation familiale (CIREF) partageons des objectifs communs, tant en faveur du Canada qu’ailleurs dans le monde, grande est la différence entre nos approches pédagogiques.
Comme objectifs communs, je pense, ici, à l’amélioration de la santé maternelle et infantile, à la promotion de l’égalité des sexes et au développement de saines relations homme-femme.
Pour réaliser ces importants objectifs sociaux, notre CIREF promeut une éducation à la démarche d’intégration de l’amour et de la sexualité, de la naissance à la maturité, transmise aux enfants par leurs parents et soutenus par l’ensemble de leurs éducateurs, tous adéquatement formés. Ce défi de taille, il est vrai, notre Centre souhaite le relever en formant des agents éducateurs des parents et de leurs fidèles collaborateurs dans le cadre d’une nouvelle culture : la culture de l’amour et de la sexualité intégrés, de la naissance à la maturité.
Cette nouvelle culture, croyons-nous, est l’unique chemin de vie voulant aider tout être humain à s’humaniser en devenant pleinement homme ou pleinement femme, capable d’aimer dans la complémentarité des sexes avec un cœur noble, c’est-à-dire pur et fidèle. Cela est un gage de paix, d’autonomie et de santé personnelle, conjugale et familiale.
Hélas, Madame Gould, l’article ci-haut cité m’a vite démontré que l’approche pédagogique de la coopération internationale féministe est aux antipodes de celle préconisée par notre CIREF. Les phrases qui suivent me l’ont clairement indiqué :
- Son ministère œuvrera en continuité avec la Politique d’aide internationale féministe du Canada mise sur pied en 2017.
- « Cette politique guide tout notre programme de développement international et fait en sorte que le Canada sera un leader pour l’égalité des sexes. »
- « Le gouvernement s’y était fermement engagé, mais malheureusement, pendant des années, ç’a été laissé de côté par les conservateurs. »
- En 2020, le Canada commencera à dépenser 1,4 milliard par année pendant dix ans pour des projets de santé maternelle et infantile, dont la moitié seront consacrés à la contraception, l’avortement et l’éducation sexuelle dans les pays en développement.
- « Comme gouvernement féministe et moi, comme ministre féministe, je trouve important de poursuivre sur cette voie. »
- En tant que ministre du Développement international, c’est à elle que revient la mise sur pied des programmes à l’international, alors que les actions au Canada seront pilotées par son collègue du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen.
Madame Gould, face à l’approche féministe préconisée par la Politique d’aide internationale féministe du Canada où l’avortement et la contraception sont considérés comme des soins de santé à favoriser, qui est en opposition avec ce que propose notre CIREF, je ne puis en conscience faire autrement que venir vous présenter mon questionnement.
Madame Gould, étant une jeune femme de 32 ans, n’accepteriez-vous pas de prendre un peu de votre temps pour découvrir une autre voie relativement à la condition féminine ?
Entre parenthèses, je me permets, de souligner un point crucial soulevé par le professeur Henri Joyeux et par Dominique Vialard, auteurs du livre : La pilule contraceptive, préfacé par le Professeur Luc Montagnier et le Docteur Elle Grant :
- Les hormones de synthèse sont au cancer du sein ce que l’amiante est au cancer de la plèvre ? En 1975, on découvrait 7 000 cas de nouveaux cancers du sein par an en France. En 2013, nous approchons des 60 000 cas, et chez les femmes de plus en plus jeunes.
Une voie alternative favorise
le développement durable de la femme
Comme il y a une voie éducative qui favorise un véritable développement durable à la fois respectueux de l’intégrité du corps féminin et du respect de l’enfant conçu, le moment ne serait-il pas venu, Madame Gould, au sein de votre ministère, de la découvrir, pour qu’une véritable coopération internationale au service de la santé des femmes se réalise ? Cela se ferait, non en proposant des dépanneurs sexuels, mais d’authentiques éducateurs formés à aider l’être féminin (et aussi l’être masculin) à intégrer la sexualité et l’amour et à gérer la fécondité du couple de façon autonome.
Aujourd’hui, permettez-moi, Madame Gould, de vous présenter un peu mon expérience éducative auprès des jeunes.
En effet, au Québec, comme femme détenant une maîtrise en Sciences infirmières, option Éducation, j’ai eu le grand privilège, au cours de ma profession, d’œuvrer à la promotion de la santé des femmes et des hommes. Ceci, en répondant à l’invitation d’élaborer et d’enseigner deux premiers cours : Soins en maternité et Fécondité, santé, autonomie, destinés aux étudiantes et étudiants de Techniques infirmières. Le dernier de ces deux cours, est devenu un cours optionnel pour l’ensemble des étudiants du milieu collégial.
Des paroles de jeunes inoubliables
Contrairement à ce que plusieurs adultes auraient cru, le cours Fécondité, santé, autonomie, fut une réussite auprès des jeunes. Pour nous en convaincre, qu’il me suffise, ici, de rappeler les paroles suivantes de nombreuses jeunes filles entendues d’année en année, pendant 10 ans :
- Pourquoi, en milieu secondaire, dans nos cours de biologie, de psychologie et de philosophie, abordant le sujet de la sexualité, ne nous a-t-on parlé que de contraception et de ITS ?
- Et, pourquoi ne nous a-t-on jamais parlé de l’amour, de la relation sexuelle à situer dans le mariage ?
- Pourquoi ne pas nous avoir invitées à respecter la richesse de notre fertilité ? Maintenant, avec votre cours Fécondité, santé autonomie, nous sommes appelées à nous reconstruire d’A à Z,
Et que dire de l’aveu, en classe, de ce noble jeune homme, lors de son dernier cours :
- « Merci, madame, de nous avoir enseigné le cours Fécondité, santé, autonomie ! En septembre, j’entrerai à la Faculté de médecine et une fois devenu médecin, je poursuivrai votre enseignement, car j’y crois. »
Ces paroles de jeunes adultes sont pour moi inoubliables. Oui, de ces magnanimes jeunes de milieu collégial qui ont acquis une mûre connaissance physiologique de leur corps sexué devenu fertile et qui, en plus, pour les jeunes filles, ont fait l’apprentissage de la découverte de la période de la fertilité et des périodes d’infertilité féminine, au cours du cycle menstruel. (Cela s’apprend facilement grâce à l’un de ces moyens reconnus scientifiquement très efficaces par l’OMS :
- la méthode sympto thermique [glaire cervicale et température basale]
- la méthode Billings [glaire cervicale].
Cet acquis éducatif permet à toute femme et à son conjoint de gérer la fécondité de leur couple, sans recourir à la contraception ou à l’avortement ou encore à la stérilisation de la femme ou celle de l’homme.
Pour un véritable et durable progrès en pays
en voie de développement
Une aide valable et durable venant du Canada pour favoriser la santé des femmes des pays en développement ne viendra pas des milliards consacrés aux condoms, à la contraception, à l’avortement et à la stérilisation. Bien loin de là ! Une aide véritable se situe au niveau de l’éducation au processus d’intégration de l’amour et de la sexualité, qui habilite toute femme, fille, homme et jeune homme à conserver son intégrité physiologique sexuelle. Ceci les prépare à gérer leur fécondité avec responsabilité.
Tout autre enseignement est voué non seulement à l’échec, mais aussi à une atteinte à la santé mentale de tout être humain qui y est assujetti. Me l’a bien exprimé, en 2009, un enseignant de la République Démocratique du Congo, lui-même engagé à la promotion de ladite santé reproductrice [contraception, stérilisation et avortement], alors que moi, je prônais dans son pays le processus d’intégration de l’amour et de la sexualité. Cet homme tenait à me rencontrer personnellement pour me dire :
- « La philosophie qui oriente votre cours est vraiment éducative, intéressante et dynamique, alors que celle que j’enseigne me déprime, moi, enseignant, et elle déprime les femmes et jeunes filles à qui je m’adresse. Les femmes, en grand nombre, du Congo, savent déduire que mon enseignement est non respectueux de leur personne. De mon enseignement, je le reconnais : elles attendent beaucoup plus et mieux. Vraiment, je n’aime plus mon travail qui a de quoi, aujourd’hui, à troubler ma santé mentale. »
Conclusion
Au sein de la coopération internationale, combien il m’apparaît illusoire et mensonger de laisser croire que c’est par une approche féministe mortifère que l’on favorisera l’amélioration de la santé des femmes ou encore « un monde meilleur ». Un véritable monde meilleur et en santé a ses exigences : respect total de soi et de l’autre, suite à une éducation de qualité.
Saurez-vous, Madame Karina Gould et Monsieur Ahmed Hussen la favoriser, tant en pays munis que démunis ? J’ose l’espérer.
Solange Lefebvre-Pageau